mercredi 25 août 2010

Un salon de coiffure improvisé

Hola muchachos!

Que tal el dia? Pour ma part, tout se passe bien. A la perspective de bientôt m'en aller, j'ai l'impression de profiter à fond (notre leitmotiv lors du voyage avec les Suisses...). Mardi, je suis retournée avec Blanca au commissariat 5a, cet endroit si particulier, si triste, et pourtant... Une autre volontaire argentine est venue avec nous, chargée d'une mission bien particulière: faire entrer une tondeuse pour couper les cheveux de nos frères privés de liberté, comme nous les appelons.
Cette volontaire, Elvia, a commencé à visiter les prisonniers 8 ans auparavant. Elle m'a conté un curieux rêve qui a débuté à son adolescence et qui est venu visiter ses nuits durant une trentaine d'années. Elle voyait une petite pièce, avec un lit et une salle de bain. Par hasard, elle lit une annonce dans le journal et débute la pastorale pénitentiaire. Un jour, elle se rend à la prison de Coronda. En observant une cellule, elle se rend compte que tout y est arrangé comme dans son rêve, comme si, selon elle, Dieu l'avait mise sur cette voie.
Pour en revenir au commissariat 5a, nous pouvons y introduire la tondeuse, mais pas de ciseaux. Je retrouve Horacio, enfermé là depuis 3 mois. Je ne l'avais pas revu depuis 7 semaines et j'ai été saisi par le changement. Visage bouffi, cerné... et une coupe de cheveux inachevée, ce qui lui donne un petit air de punk.
Horacio et les autres prisonniers attendent avec impatience notre arrivée et surtout la machine magique, qui leur permettrait d'avoir à nouveau un visage humain. L'un d'eux utilise même la tondeuse pour se raser, car l'administration lui a interdit de prendre son rasoir électrique. Elvia coupe les cheveux d'Horacio et de Juan Carlos, pendant que Blanca et moi admirons le travail. Juan Carlos a la main droite coupée. Il nous explique qu'il a reçu un coup de machette sur le bras en voulant se protéger le visage, un an auparavant. Dans un premier temps, je me suis dit que je n'avais pas compris à cause de la langue. Elvia me mime alors un coup de machette pour m'ôter mes derniers doutes et mon innocence. Plus rien ne m'étonne maintenant.
L'ambiance est beaucoup plus détendue que les autres visites. Pas de lecture de l'évangile cette fois, ni de discussion biblique, car les prisonniers sont trop excités. Tout le monde rit et Blanca doit les ramener à l'ordre, pour éviter que les gardiens nous interdisent de réintroduire la machine. La semaine prochaine, on coupe les cheveux de Miguelito, un petit jeune, et ensuite on se remet aux choses sérieuses.

Chao queridos

Hortense

dimanche 22 août 2010

Un lieu spécial

Buenos dias, Suiza!

Maintenant, je retrouve enfin mes activités avec les pastorales. Pour le cas où vous n'aviez plus trop suivi, je vous fait la liste: visite au commissariat, atelier de cinéma à la prison, cours d'anglais et travaux manuels à Santa Rosa de Lima. Apparemment, je vais devoir laisser tomber le choeur (faute d'enfants) et l'atelier de théâtre à la prison des jeunes (faute de volontaire argentin...). Une activité me tient particulièrement à coeur: visiter la famille de Silvana et Nito à Santa Rosa de Lima, un quartier pauvre. Ces derniers vivent dans une petite maison au milieu d'un tas d'ordure, avec leurs 7 enfants.
Samedi, je suis retournée leur rendre visite, en compagnie de Ricardo et de sa fille Julieta. Il faut relever que Julieta a 15 ans et passe tous ses samedis après-midi à Santa Rosa de Lima, qui n'est pas le quartier le plus plaisant de la ville. Chapeau Juli! Je ne sais pas si j'aurais eu la même générosité à son âge... Julieta m'explique que les baskets que l'on voit suspendues sur les fils électriques de Santa Rosa signifient que l'on peut acheter de la drogue dans telle rue. Nous voyons également une fouine suspendue au fil électrique, ce qui n'a apparemment aucune signification codée, simplement la conséquence du sadisme de quelque désoeuvré. Parfois, nous avons des échos des fusillades et des règlements de compte du quartier. Ainsi, la pastorale de l'enfance exige des volontaires une conduite irréprochable au niveau de la sécurité.
Mais Santa Rosa de Lima, c'est aussi le lieu où tu fais de belles rencontres. Jeudi matin, je suis allée faire de la "manualidad" et donner mon cours d'anglais au centre Corazon de Maria. J'y fabrique surtout des rosaires, des chapelles et des christs en croix, une activité bien tranquille. On colle, on passe un coup de peinture, tout en discutant avec les dames qui travaille dans le centre (la cuisine, quelle planque!). Une jeune fille, 15 ans au plus, y vient avec son fils d'une année. Je fais des risettes au bébé et la glace se rompt aussitôt. Lorsque je passe devant sa maison le samedi, elle me fait de grands signes, alors qu'elle m'ignorait auparavant. Au retour, je croise une dame qui travaille au centre: même réaction. Les gens y sont peut-être méfiants au début, mais tellement spontanés, pleins de vie, émouvants.
Quand nous allons prendre le maté dans la famille de Silvana, de la cumbia, cette musique si populaire à Santa Fe, résonne de maisons en maisons. Une dame passe à bicyclette pour vendre du pan casero, les enfants jouent dans la rue, ou au milieu du tas d'ordure. Samedi, Silvana nous a amenés nous promener sur une route un peu extérieure au quartier. D'un côté, des ordures, de l'autre une tranchée pleine d'eau et d'ordures. La petite Valentina, une année, s'émerveille en voyant les oiseaux s'envoler des arbres, Erica et Cintia jouent avec une paire de chaussures récupérés dans les ordures, Mamu saute dans la rigole, Silvana admire l'omnibus qui passe sur l'autoroute. Des choses simples, au milieu de la laideur, peuvent encore nous émerveiller. Parfois, en pensant à ce lieu, je me remémore cette phrase de Yasmina Khadra: "C'est au milieu du cloaque que fleurit le nénuphar".

Hasta luego Suiza, te quiero mucho.

Hortensia


lundi 16 août 2010

Viaje con los Suizos

Hola!

A peine rentrée de mon voyage de trois semaines avec Xavier, me voilà repartie sur les routes du Nord du pays. Au programme: Santa Fe, Corrientes et Iguazu.
Pendant 4 jours, nous leur avons montré les différentes activités de la pastorale de l'enfance: la casa Juan Diego, le quartier des Tobas à la Loma, la casita de los chicos et Corazon de Maria à Santa Rosa de Lima, ainsi que la famille de Silvana et Nito. Ils ont également été visités des prisonniers à Las Flores et ont été invités à la paroisse du père Gabriel à San Jeronimo del Sauce.
Ensuite, nous avons "missionné" du côté de Corrientes et logé dans le monastère de Lavalle. L'endroit est beau, mais très froid (du moins la nuit). Nous dormions dans un dortoir doté d'un magnifique...ventilateur géant, mais pas de radiateur. Les jours suivants, nous sommes allés à la campagne (en pick-up!) afin de rencontrer des communautés villageoises. L'idée de départ était de missionner dans les familles, mais finalement nous avons surtout fait des visites. Avec mon groupe, nous nous sommes rendus chez une femme qui doit s'occuper de la ferme et de leur fille handicapée. Celle-ci ne peut pas se lever de son lit ni parler. La femme nous a fait des tortas fritas et offert le maté. Belle rencontre. La journée s'est terminée par une messe et un repas en commun avec les villageois.
Le jour précédent, nous étions invités par une autre communauté villageoise à un asado (grillade). Vous connaissez les grillades en Suisse? Ben, ça n'a rien à voir avec l'Argentine. Je connais quelques carnivores qui troueraient leur bonheur ici. Nous étions à la chapelle de la cruz de los milagros. Au programme: messe et asado. Nous nous sommes baladés au bord du rio. L'endroit est pauvre, retiré de tout, mais magnifique. L'horizon est immense et tu as l'impression de toucher le ciel. Sensation inhabituel pour nous, habitués des montagnes.
Après avoir quitté Lavalle, nous nous sommes rendus à un lieu de pèlerinage important pour les gens du Nord: la basilique d'Itati. La vierge y serait apparu dans ce lieu, d'où la dévotion particulière à ce lieu. La basilique est très grande et semble être un joyau au milieu d'un tas de taules. En effet, la ville est pauvre, tout comme l'institution pour handicapés que nous avons visité. Là, le groupe de Suisses a chanté et joué de la guitare pour les résidents qui ont beaucoup apprécié. Même si certains auraient préféré du chamamé (musique populaire de Corrientes).
Enfin, nous embarquons pour l'étape ultime: Iguazu. Nous nous sommes arrêtés à San Ignacio, pour visiter les ruines spectaculaires des missions jésuites. Nous avons également fait une étape par les mines de Wanda et leur magasin de verroterie. Circulez, rien à voir.
Enfin, nous achevons notre voyage par Puerto de Iguazu, d'où nous visitons lss chutes côtés argentin et brésilien. Magnifiques, incroyables. J'avais vu les chutes trois semaines auparavant et je les ai redécouvertes avec le même enchantement. Le groupe de Suisses avait l'air ravi...
Enfin, nous rentrons à Santa Fe, où los Suizos se reposent avant de reprendre la route pour Buenos Aires et leur retour en Suisse. Je suis sur les rotules, crevée, après ces 5 semaines de voyage. Vivement le retour aux activités et à la vie normale.

Chao papachos, à bientôt!

Hortencia


En compagnie des Suisses, Gabriel a pu entonner les chansons favorites de son répertoire:




Quelques paysages du côté de Corrientes:









Trajet en pick-up pour se rendre dans les villages:




L'autel de la chapelle de la croix des miracles:




Une "petite" grillade:






La basilique d'Itati:






Les ruines de San Ignacio Mini:






Les trois frontières, à Puerto de Iguazu:

lundi 2 août 2010

Buenos Aires et retours à Santa Fe




Hola muchachos!

Quid de mes péripéties sur les routes d'Argentine? Après notre arrivée à Buenos Aires, première destination incontournable: la Boca, quartier mythique. L'une des rues les plus populaires de ce quartier, el Caminito, concentre un maximum de touristes au mètre carré. Touristique, mais beau.
Le lendemain, balade dans les parcs, visite du cimetière de Recoleta. Le jour suivant, promenade sur le fleuve au delta du Tigre. Des particuliers possèdent leurs maisons sur de petites îles, que l'on peut sillonner en bateau. Au retours, nous nous sommes arrêtés à la gare de Florida, la localité où habitait mon père. J'envoie donc des messages à ma mère, pour qu'elle lui demande son adresse exacte. Ainsi, nous étions parés pour trouver le numéro 248 de la Avenidad San Martin. Nous marchons, marchons, marchons...au moins 2 km, pour arriver au numéros 400. Après, un parking, puis une plage et le rio. Mais pas de maisons. Le gardien du parking m'explique que les vieilles maisons ont été démolies. Je pense que mon père ne reconnaîtrait plus rien. Tout fout l'camp.
Le dernier jour, nous assisté à un spectacle de tango en compagnie de... Brésiliens. Spectacle magnifique, certes, mais rien à voir avec les danses folkloriques de Santa Fe, qui semblent tellement plus vivantes. Le tango, une tradition pour touristes? Les vieux continuent de le chanter, mais les jeunes écoutent surtout la cumbia. Tout fout l'camp, je vous dits.
Pendant que Xavier et moi étions logés dans un hôtel 4 étoiles (chauffé!!!), Ludivine, Alejandro et Daniela accueillaient un groupe de Suisses à Buenos Aires. Ils ont visité un foyer de sans-abris et ont logé dans un paroisse. Je les ai rejoints à Santa Fe le vendredi. Dans le même temps, j'ai appris que je partais voyager deux semaines avec eux. Destination: Corrientes et Iguazu.
En ce moment, on les balade entre les prisons et les lieux d'accueils de la pastorale de l'enfance. Mais je n'ai plus la force d'écrire, je ne bouge plus, une vraie flaque... La suite pour la prochaine fois.

A bientôt

Hortense



















Là, il y avait la maison de ma famille: