vendredi 31 décembre 2010

Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage

Queridos amigos,

Voilà presque deux mois que je suis rentrée en Suisse et que je supporte les nuits qui tombent à 5h30 de l'après-midi. Trois hivers en une année, il faut dire que je m'habitue (et oui, je me trouvais dans l'autre hémisphère). En lisant les nouvelles des amis argentins sur le "feìsbuc", comme ils l'appellent, je ressens une pointe d'envie...une envie de partir, de retourner là-bas. Mais je dois aussi penser à ma vie ici, trouver un travail...Ne restent  alors que les souvenirs d'une expérience incroyable.
Je suis heureuse d'avoir accompli ce voyage de 7 mois, seule, avec pour seul bagage ma motivation. Je ne suis pas assistante sociale, ni éducatrice, ni prof et pourtant j'ai réussi à instaurer une relation, parfois houleuse mais toujours sincère, de respect mutuel entre les enfants, les prisonniers et moi. Le plus grand accomplissement fut d'apprendre la langue en si peu de temps. J'ai laissé derrière moi quelques regrets, une dose de nostalgie, mais aussi beaucoup d'espoir...l'espoir que la société argentine se relève, que les quartiers pauvres bougent enfin, que certains prisonniers puissent être réinsérés. Je ne suis pas naïve et je sais qu'il faudra du temps, beaucoup trop de temps. Un homme comme Gabriel était capable de soulever des montagnes et croyait à un avenir pour ces gens. Certaines avancées ont été accomplies, d'autres restent à faire. Alors, pourquoi ne pas continuer à rêver et à se battre pour changer cette situation?

Au revoir et merci de m'avoir suivi sur ce blog.

Hortense

jeudi 4 novembre 2010

Vilches Alto et la réserve naturelle de Altos de Lircay

Hola amigos,

Il est temps de vous raconter, maintenant que je suis rentrée en Suisse, la fin de mon voyage. Après avoir hésité à rejoindre Santa Fe pour assister aux funérailles de Gabriel, je me suis finalement résignée à retourner au Chili. Il faut dire que les deux heures nécessaires à passer la frontière et le manque de correspondance à la gare de Mendoza rendait la chose impossible. Je suis donc restée à Mendoza, ressassant mon spleen, pendant que les funérailles avaient lieu à quelques 900 kilomètres, dans le même pays, si proche et si lointain. Le lendemain, j'ai repris la route pour Talca (Chili), via Santiago. L'idée de base était de me trouver une excursion pour me rendre à la réserve de Altos de Lircay, l'une des plus belles du centre du Chili. Avant tout, il me faillait trouver un hôtel, Mais les plans les plus simples comportent souvent un imprévus. Et dans le cas présent, l'imprévu est survenu en février sous la forme d'un tremblement de terre, responsable de la destruction d'une partie de la ville. Donc, peu d'hôtels en état de fonctionnement, quasiment pas de restaurants...la zone quoi. J'ai tourné en rond dans le centre de Talca, accompagné d'un Chilien aimable et un peu trop entreprenant à mon goût, que j'ai planté pour m'adresser à deux personnes bien plus fiables, des policiers. C'est accompagnée de cette solide escorte que j'ai débarqué à un hôtel, où j'étais la seule clientE. Tous les hommes qui occupaient le lieu travaillaient dans la construction et étaient employés à retaper les immeubles éventrés par le "terremoto".
Ne désirant pas m'éterniser dans ce lieu, j'ai pris le bus pour me rendre dans le charmant village d'Altos de Lircay, au pied de la réserve naturelle. Malheureusement, la pluie s'est mise à tomber à verse, histoire d'accueillir mon arrivée, et s'est bientôt transformée en neige. Et oui, pour la deuxième fois (voir mon précédent voyage dans le Nord de l'Argentine), les régions qui m'accueillaient défiaient les lois climatiques. Non, il ne neige jamais au printemps au centre du Chili. Le lendemain, il neigeait encore, la route était bloquée et je ne pouvais pas sortir du village, qui ne disposait ni de téléphone, ni d'internet.
Les trois jours suivants, par contre, furent ensoleillés, merveilleux. La vue sur les montagnes depuis l'extérieur et l'intérieur du parc était magnifique. J'ai passé deux jours à faire des randonnées dans les alentours du village et à l'intérieur de la réserve. Mais le manque d'entraînement a causé l'arrivée de courbatures très désagréables. Heureusement, une famille chilienne m'a prise en pitié et a accepté de me conduire au refuge. L'hospitalité des Chiliens est bien réelle. Un homme du village a vu que je portais des baskets et m'a prêté les souliers de montagne de sa cousine pour que je puisse entrer dans le réserve. Le coeur sur la main, chaleureux, voilà le meilleur descriptif des Chiliens que j'ai rencontrés.
Je me suis finalement rendue à Santiago le lendemain. J'y ai fait une balade d'une après-midi et je dois avouer que je n'y ai rien trouvé d'exceptionnel. Le jour suivant, je quittais le pays, pour retourner en Suisse. Mais ça, c'est déjà une autre histoire.

Adios papachos, merci de m'avoir accompagné durant ces 7 mois passés en Argentine. Vos commentaires m'ont touchée, amusée et m'ont aidée à conter de manière fidèle mon expérience. Merci de votre soutien.

Hasta luego


Hortense


Une école de Talca, touchée par le tremblement de terre de février

Le bel hiver à Vilches Alto






La place d'Armes de Santiago de Chile

mardi 26 octobre 2010

Hasta siempre, Gabriel


La nouvelle est tombée, sèche, incompréhensible. Le Père Gabriel Carron, fondateur des pastorales, est décédé lundi à l'aube, de manière subite.
Gabriel aimait les blagues, surtout les raconter, et je dois avouer que j'avais parfois de la peine à comprendre son sens de l'humour. Il chantait volontiers, à pleins poumons, des chansons à boire. Ce personnage était tellement charismatique que bon nombre d'Argentins, qui gravitait dans son entourage, savent chanter "Chevalier de la table ronde, dites-moi si le vin est bon". Chaque rencontre de la pastorale de l'enfance, chaque soupé de la pastorale pénitentiaire ou simplement chaque repas entre amis donnait lieu à des rires et à des chansons (à boire, forcément).
Gabriel aimait le contact avec les prisonniers et partageait volontiers son expérience à l'intérieur des prisons argentines. Il possédait des défauts, certes, mais ses qualités étaient aussi énormes que ses blagues. Un humain, venu d'un autre continent, pour aider les êtres les plus méprisés de la société argentine, les prisonniers, voilà ce qu'était Gabriel Carron. Un homme de foi, qui a tenté de sortir de la rue des enfants et des jeunes en situation de risque. Gabriel a non seulement apporté son aide, mais a également permis à des jeunes Suisses et à des étudiants argentins, de vivre dans sa maison, de former une communauté.
Gabriel, pour tous ces rires, ces chansons, ces histoires de carcel, ces sorties, tous ces moments partagés avec les pastorales, les prisonniers et les enfants :  merci.

Valparaiso, paradis des peintres

Buenos dias amigos,

Ces trois derniers jours à Valparaiso furent une découverte de chaque instant. En effet, chaque pan de mur, chaque ruelle recèle d'un trésor caché. J'en donne pour preuve le nombre de peintures, renouvelées au fil du temps, les maisons colorées qui s'accrochent à la colline et surtout la mer. Comme dit l'employée de mon auberge de jeunesse, chaque maison de Valparaiso, de la plus riche à la plus humble, a la vue sur la mer. Parmi les habitants de Valparaiso, on comptait le poète Pablo Neruda, dont la maison est aujourd'hui un musée.
J'ai vécu une immersion dans un autre style de quartier, pas touristique du tout. La communauté Point-Coeur, dans laquelle Angie, une des habitantes de la maison à Santa Fe, a vécu durant un an et demi, m'a accueilli. Les jeunes de la communauté, deux Argentines, deux Français et une Allemande, m'ont très bien reçu et ont mis les petits plats dans les grands. Ce qui m'a marqué dans le quartier où ils habitent, c'est la différence avec l'Argentine. Moins de pauvreté matérielle, mais plus de solitude. Ici, peu d'enfants ou de jeunes qui traînent dans la rue, pas de groupement de femmes assises devant la porte de leur maison, pas de musique résonnant de maisons en maisons, pas d'ordures sur la chaussée en terre battue. Les jeunes m'ont emmené visiter une vieille dame, atteinte du diabète, et souffrant énormément, ce qui m'a impressionné. Ces jeunes font un travail admirable, que je serais incapable de vivre au quotidien.
La visite du musée à ciel ouvert de Valparaiso, une série de peintures murales, est superbe. Cette ville possède un charme incroyable et met du baume au coeur. Malheureusement, c'est ici que j'ai appris une triste nouvelle...











vendredi 22 octobre 2010

Mendoza, porte des Andes et du vin

Hola papachos!

Que tal depuis la dernière fois que l'on s'est vu (il y a 6 mois tout de même!). Demain, je pars de Mendoza pour me diriger vers le Chili, dernière étape de mon voyage. Et oui, j'avais envie de changer d'air et de pratiquer le vrai espagnol (et non le chuintement argentin, que je maîtrise plus ou moins bien maintenant). Prochaine étape: Valparaiso, ville inscrite au patrimoine mondial de l'humanité. Et ensuite? Le Sud probablement....ou pas.
Si Mendoza n'est pas une perle, comme Salta, elle reste une ville très agréable, aérée, dotée d'un atout: son immense parc. Pour en faire le tour, on est obligé de prendre le bus, tellement les distances sont grandes. Et Mendoza reste, surtout, la ville vinicole par excellence et la porte d'entrée des Andes.
Comme tout touriste qui se respecte, j'ai fait quelques excursions afin de découvrir ce patrimoine. La première m'a conduite jusqu'au parc de l'Aconcagua, en passant par el puente del Inca, fabriqué entièrement avec du sel, et le pont en pierre utilisé par les troupes du général San Martin. Par la suite, je me suis rendue dans les caves afin de déguster du vin (à vélo!). Heureusement que la fin de la balade se faisait dans la camionnette, car à ce rythme... La dernière étape de l'excursion nous a conduit dans une fabrique artisanale de liqueurs, de conserves et de chocolat. La patronne, qui commentait la visite, était complètement déjantée, comme si elle avait mis un  peu trop de zèle à déguster certaines de ses recettes...à base d'alcool. Enfin, j'ai passé une demie-journée à cheval, dans des paysages arides, pierreux, totalement différents des vignobles que l'on aperçoit autour de Mendoza. En un mot, cette semaine a été fantastique. J'espère que la météo me permettra de me rendre au Sud du Chili, histoire de changer de type de landscape (désolée, à force de parler anglais toute la journée).
J'ai logé toute la semaine dans une petite auberge de jeunesse, très sympathique, où j'ai rencontré plus d'anglophones que d'hispanophones. Les rares occasions de parler espagnol se passent avec les employés de l'auberge, qui rient de mon accent santafesino. Quant au logement en dortoir, c'est sympathique, même si mes voisines, des Argentines avec qui je peux parler le Santafesino, sont plutôt bruyantes. Ce qui est moins sympathique, c'est d'apprendre qu'une entreprise est venue désinfecter les chambres car il y avait des puces dans l'hôtel...

Hasta luego, para nuevas aventuras!

Juana Azurduy (du nom d'une chanson que je chantais tout le temps dans la communauté, paraît-il)



Quelques photos de Mendoza:



La Cordillère des Andes:




Le pont de l'Inca, construit entièrement avec du sel:




 Une des bodegas:



Les vignes, en Argentine, sont toujours sur du terrain plat:


La ballade à cheval:



mercredi 20 octobre 2010

Voyage au pays des Sélénites

Hola los Suizos,

Que tal? Pour ma part, je me fais plaisir, avant de rentrer en Suisse. La première étape de mon voyage était un bled coincé au milieu du désert appelé San Agustin de valle fertil. En effet, la seule verdure se trouve dans cette vallée, située entre San Juan et La Rioja. Après 22 heures de voyages, dont 20 passées dans trois bus différents, je n'ai pas besoin de préciser que j'étais crevée à mon arrivée. J'ai tout de même trouvé l'énergie pour aller visiter le parc de la vallée de la lune, classé patrimoine mondial de l'humanité. C'est dans ce lieu que l'on a retrouvé des ossements de dinosaures parmi les plus anciens au monde. Certaines parties du parc sont tellement arides que le paysage ressemble aux clichés pris sur la lune en 1969, d'où le nom du lieu.
L'excursion était très intéressante, avec des explications en espagnol, que j'ai tenté tant bien que mal de traduire à deux routards anglais. La magie du lieu est telle que, pendant un instant, tu pourrais t'évader de la réalité et observer ces sculptures naturelles durant des heures....chose impossible malheureusement à cause du froid. Par chance, le chauffeur qui nous guidait à travers le parc a eu la bonté d'âme de me prêter sa veste.

Si vous voulez rêver un peu, vous aussi, regarder les images et laissez aller votre imagination....sans le vent glacial qu'il y avait ce jour-là.











Adios mi querida comunidad

Buenos dias amigos,

Voilà presque une semaine que j'ai quitté la communauté Santa Rita et je réalise gentiment que je suis sur le point de rentrer chez moi. Maintenant, je vois tout le chemin parcouru en leur compagnie et tout ce que je leur dois. Je me souviens de ce mercredi 7 avril, quand je suis arrivée à la fondation San Dima, où se trouve notre maison et les bureaux de la pastorale. J'étais crevée des 15 heures de voyage faits la veille, en plus du trajet en bus entre Buenos Aires et Santa Fe, et incapable de comprendre l'espagnol. Je fus accueillie dans le hall par un groupement et j'étais incapable de comprendre quoi que ce soit, juste de dire mon nom. Aude, une volontaire suisse, m'a accueilli a bras ouvert. Une fois introduite aux gens de la communauté, je ne comprenais rien, ne pouvais pas exprimer ce que je voulais. Une frustration qui durera quelques jours encore.
Entre les tours de ville, la visite des activités de la pastorale de l'enfance et les encouragements de Aude et Andy pour que je prenne des cours d'espagnol, j'ai réussi à faire ma place et à avancer. Les apéros Fribourg-le Valais, les matchs de foot du Mondial, les sorties communautaires au billard, les prétextes pour servir un "Poron", les bavardages "al pedo" autours d'un maté....je vais être nostalgique de tous ces moments.
Mais la vie est un cycle, rien ne dure, non? En tout cas, une chose va durer: l'amitié créée entre tous les membres de la communauté Santa Rita. Alors amigos, gracias para todo.

Hasta siempre

Hortensia


Sur la photo, quelques membres de la communauté et Alejandra, la responsable de la pastorale de l'enfance, venus m'accompagner à la gare le jour de mon départ: