mardi 14 septembre 2010

Lettre d'un prisonnier à la fille de sa victime

"Considère cette lettre comme étant unique car celui qui l'écrit, il y a déjà beaucoup d'années, a détruit une famille, la tienne, [causant] la perte irréparable de ton père, des mains d'un vulgaire délinquant comme moi. Je ne veux pas m'exprimer comme un assassin car de cette manière j'interromps le repos éternel de ton père. Que Dieu le garde dans sa gloire. A part ça, je ne suis pas un assassin, pas au fond de mon coeur, car un assassin ne ressent pas la nécessité d'un pardon de la part de ta famille ou si possible, ton pardon.
Je ne suis pas intéressé par le pardon de la loi qui punit le délinquant selon son délit: Dieu est témoin à chaque instant qu'en moi il y a la solitude terrible [de celui qui] se voit comme une sépulture vivante. [En effet] je vis ma condamnation de porter la mort dans ma vie, car je suis contaminé par le SIDA. Ce n'est pas comparable à votre douleur et ce n'est pas de douleur dont je veux te parler seulement, [mais] de cette chose du destin qui fait que je suis en train de t'écrire pour implorer ton pardon pour alléger cette croix pesante que je porte dans ma vie. J'ai besoin de ce pardon pour être en paix dans mon coeur, dans mes nuits, dans mes rêves, dans ma vie.
Si tu sens dans ton coeur que tu peux me pardonner, souffrant dans ta vie à cause de mon inconscience la perte de ton père, c'est pour cela que je te prie de me pardonner, pour alléger cette vie malheureuse.
Si cette lettre t'apporte maintenant le mauvais souvenir [de la mort] de ton père, pardonne-moi, ce n'était pas mon intention, parce que moi aussi je m'en souviens et c'est pour cela que je t'écris cette lettre. Et quelque chose en moi se réveille et j'ai besoin que tu me pardonnes, toi, qui liras cette lettre et [la] gardera en toi, si tu la lis à ta famille, [la] gardera en toi, si tu ne la reçois pas ou la déchires et la jettes, [la] gardera en toi, [et pourra] sentir le papier dans tes mains écrit par la même main qui a abrégé la vie de ton père. Il te restera de me souhaiter ce que tu voudras mais ce qui est le plus important pour moi est que [...] tu me pardonnes avec une réponse à ma lettre et, par ta volonté, Dieu me prenne à son côté, quand je cesserai de vivre dans ce monde.
Je m'en vais avec la foi et puisses-tu me comprendre.
Gerardo"


Cette lettre a été édité dans un catéchisme de la pastorale pénitentiaire, au niveau national. La lettre a été retranscrite par un aumônier de prison qui vit aujourd'hui en France. Nous ignorons la réaction de la fille de la victime ou si le prisonnier est encore en vie.

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