Hola amigos!
Como andan en el lindo pais de Suiza? Ici, cette société argentine si étrange continue de tourner pas rond. Mardi, c'était le jour du policier. Avant de visiter les prisonniers, nous avons offert aux gardiens des bonbons et une carte avec une prière et une réflexion. En Argentine, il y a un jour de fête pour tout le monde, durant toute l'année. Voici un échantillon des jours spéciaux que j'ai pu entrevoir: le jour du père, de la mère, de l'enfant, de l'instituteur, du catéchiste, de l'ami. Durant cette journée, tu envoies un message ou un petit cadeau à la personne concernée. Ainsi, le gardien, qui s'apprêtait à nous demander nos papiers, a complètement oublié d'être pointilleux à la vue des bonbons que j'ai distribués, avec le sourire s'il-vous-plaît!
Je vous donne encore une autre coutume argentine. Quand il pleut, certaines personnes, surtout les habitants des villas (les quartiers pauvres), ne sortent pas. En effet, les enfants ne peuvent pas se permettre de salir, en marchant dans la boue, la seule paire de baskets ou d'espadrilles qu'ils possèdent. Ainsi, il n'y avait pas d'enfants aux ateliers du centre où je vais à Santa Rosa de Lima. Jorge, un membre de la communauté, travaille dans une école primaire. Un seul enfant, sur cent, s'est présenté aux cours! Quant à l'atelier de cinéma de la prison de Las Flores, nous l'avons annulé à cause de la pluie.
Pour en revenir au commissariat 5a, nous y avons retrouvé Horacio, Juan Carlos, Miguelito et compagnie. Les prisonniers arboraient de magnifiques coupes de cheveux, qu'un "coiffeur" leur avait faites lors du jour des visites. Nous avons donc débuté notre activité comme d'habitude. La lecture du jour abordait les thématiques de la responsabilité individuelle et de la charité envers autrui. Le conte montrait la puissance de Dieu, qui sauve un oiseau à moitié mort, mais pousse un homme jeune et fort à prendre ses responsabilités et à aider un homme plus pauvre que lui.
L'un des prisonniers, Andi, a la leucémie et a été emmené à l'hôpital une semaine auparavant, car l'air du commissariat ne devait pas lui convenir. Ils l'ont ensuite retiré de l'hôpital pour le remettre dans cet endroit minuscule et sale. Il est révolté, dit qu'il a eu la volonté de changer et qu'on l'a arraché à son foyer, qu'il ne reverra plus ses enfants. En plus de toute cette merde, il est malade. Pourquoi lui? Miguel, un jeune de 24 ans, prétend que Dieu, s'il est tout-puissant, ne devrait pas laisser le monde aller aussi mal. Il n'a connu que la villa (un quartier pauvre) et son lot de misères. Blanca et Elvia lui expliquent qu'il peut changer les choses petit à petit, demander de l'aide aux bonnes personnes et surtout donner du sens à sa vie. Selon elles, Dieu ne t'abandonne pas et la pire des situations peut te donner l'opportunité de sentir sa présence. En résumé, c'est quand on est dans la mouise que l'on pense à Dieu, et non quand tout va bien.
Quand Blanca explique aux prisonniers qu'il faut aussi penser aux victimes que l'on a faites dans notre vie (que ce soit pour des choses bénignes ou plus graves), Horacio et Juan Carlos refusent d'écouter. Ils se lèvent, retournent dans la cellule qui leur sert de chambre (où nous ne pouvons pas entrer). Quand nous sortons du commissariat, Blanca me dit que ces deux prisonniers ont certainement tué, ce qui explique leur hostilité. Un membre de la communauté, qui fait du catéchisme à la prison de Las Flores, m'a parlé un jour du manque de culpabilité et d'empathie des prisonniers. Il y a du chemin à parcourir mais, selon Blanca, en chacun de nous, le pire côtoie le meilleur. Notre devrions essayer de le sublimer en ouvrant notre coeur. Blanca a été au fond du trou à un moment de sa vie et a trouvé la force de s'en sortir. Depuis, elle aide les plus infortunés à trouver cette lumière.
Je crois savoir pourquoi j'adore aller au commissariat 5a, cet endroit triste, pourri, sombre et glauque. J'ai l'impression, à chaque visite, que j'en apprends un peu plus sur moi-même ou sur la vie. Qui sait?
Chao papachos
Hortencia
Hola Hola !
RépondreSupprimerMagnifique témoignage Hortense !
A propos de compassion, Gandhi a pressenti, dans une expérience humaine, un sens très émouvant de la rédemption:
il raconte lui-même que toutes les fois qu'il était informé, au retour d'un voyage, d'une faute grave commise par l'un de ses élèves de son ashram, il se mettait à jeûner avant d'appeler le coupable. Ce dernier était généralement si touché par cette pénitence que le Mahatma s'infligeait pour lui qu'il en venait spontanément à la résipiscence.
"Nous savons en effet que la seule chance de désarmer une inimitié, qui se justifie en nous attribuant tous les torts, est de faire nous-même le premier pas, en surmontant notre amour-propre, pour que notre adversaire puisse triompher du sien sans éprouver le sentiment de s'humilier devant nous."
En qualité d'honnête historien, je cite mes sources ;-) : Zundel Maurice, Quel Homme et quel Dieu, p. 162.
Inch'Allah !
Merci de nous faire partager ton expérience!
RépondreSupprimerWow, ça c'est de la réflexion! Merci de me la faire partager. J'espère que tout se passe bien chez vous et que nous allons nous revoir bientôt autour d'un apéro (despues de la mistica, la mastica...).
RépondreSupprimerHasta luego