vendredi 8 octobre 2010

Histoires de prison et de commissariat

Hola amigos!

En ce moment, je fais mes adieux, entre deux fêtes de départ, et je dois vous dire que c'est difficile. Voici une esquisse de quelques prisonniers ou histoires que j'ai entendues entre la prison et le commissariat. J'imagine que sans le contexte, ces anecdotes n'ont pas la même saveur, mais je vous les sers quand même.
D'abord, ce nostalgique de la dictature militaire, qui passe tous les mercredis après-midi dans la salle d'informatique, située à l'intérieur de la salle culturelle où nous animons l'atelier de cinéma. Ce petit vieux a pris perpétuité pour le meurtre de sa femme. Son métier auparavant? Médecin légiste pour la police.
Ou l'homme à la main coupée, que j'ai rencontré au  commissariat 5a, qui annonce tout content à ses compagnons de cellule qu'il a pu communiquer avec son beau-frère, qui est prisonnier à Las Flores. Et le prisonnier, qui nous relate le destin de l'homme à la main coupée, nous dit: "Il sera bien là-bas, son beau-frère lui a préparé la cellule". Comme à l'hôtel.
Au commissariat 8a, Horacio, qui vit dans ce trou depuis 6 mois, nous sert une histoire délirante. Un ancien compagnon de cellule aurait donné son numéro de natel (instrument strictement interdit à l'intérieur du commissariat, je précise) à une copine. Cette dernière, qui vit dans la maison située à côté du commissariat, comme par hasard, vient le visiter toutes les semaines. Le reste du temps, ils communiquent en frappant contre le mur, deux coups pour dire "tu me manques", un coup pour "je t'aime". Et pour couronner le tout, la copine d'Horacio est la fille d'un commissaire de police, ami du commissaire responsable du commissariat où ledit Horacio est enfermé. Vous avez la migraine? Cherchez pas à comprendre, je vous dits.
Ou ce jour, où nous n'avons pas pu donner l'atelier de cinéma, car l'accès à la prison était interdit. La raison? Un décès. Alors que nous imaginions une bagarre ayant dégénéré, nous apprenons, la semaine suivante, que l'homme est décédé d'une crise cardiaque. Mais l'homme en question avait été....libéré 15 ans auparavant. Il avait passé toute sa vie en prison et était incapable de se réadapter au monde extérieur, sans famille, sans amis. Il était revenu alors dans le lieu le plus logique, le plus sûr, c'est-à-dire la prison...sans être prisonnier. Il possédait quelques poules, un lopin de terre et dormait, apparemment, dans une cellule. Illogique, comme situation? Bienvenue en Argentine amigos.

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